Concierge résident

Parmi les employés d’un immeuble en copropriété, on retrouve le concierge. Ce dernier a pour principale mission d’exécuter divers travaux d’entretien ménager dans les parties communes de l’immeuble. Il s’occupe aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur, de l’entrée, du hall, des couloirs, des escaliers et parfois du jardin. Il assure également une surveillance générale de l’immeuble et doit signaler les désordres si besoin est. La relation entre le syndicat et le concierge, comme toute relation contractuelle, doit être bien définie dès le début, et ce afin d'éviter des conflits qui peuvent être coûteux pour la copropriété.

 

Tâches multiples

Diverses tâches peuvent être confiées au concierge comme la gestion des ordures ménagères ou le déneigement. Il peut aussi être assigné au lavage de vitres et au nettoyage du local à poubelles. Les détails de sa mission devraient être établis clairement dans son contrat de travail, dès son embauche.

Contrat de travail

Juridiquement, le syndicat des copropriétaires est l'employeur. Il doit établir un contrat de travail par lequelle le concierge s’engage, en échange d’une rémunération, à effectuer un travail qui doit être bien défini. Bien que le contrat de travail puisse être verbal, il est recommandé de le faire par écrit. Cela permet d’éviter les malentendus, en clarifiant entre autres les conditions de travail, la durée du contrat (durée déterminée ou durée indéterminée) et les tâches que le concierge devra effectuer.

Loi sur les normes du travail

En plus des dispositions générales du Code civil du Québec, la Loi sur les normes du travail est la principale loi québécoise déterminant les conditions de travail minimales et obligatoires pour les salariés du Québec. Cette loi s’applique à toute personne qui travaille pour quiconque, lui fait exécuter un certain travail, moyennant rémunération quelconque.

Employé ou travailleur autonome?

Il est important d’établir si un travailleur est un employé ou un travailleur autonome. Le statut d’emploi a une incidence directe sur le droit du travailleur aux prestations d’assurance-emploi (AE) selon la Loi sur l’assurance-emploi. Il peut aussi avoir une incidence sur la façon dont le travailleur est traité selon d’autres lois, telles que le Régime de pensions du Canada et la Loi de l’impôt sur le revenu. Les faits qui entourent l’ensemble de la relation de travail établiront le statut juridique du lien d'emploi. Or, il faut reconnaître que dans la majorité des cas, le concierge résident est un « employé », nonobstant ce que le contrat pourrait indiquer, car le libellé du contrat ne peut prévaloir sur le caractère public de la Loi.

LOGEMENT DE SERVICE

Dans les copropriétés d’une certaine envergure, il n’est pas rare que le syndicat de copropriétaires fournisse au concierge, en vertu du contrat de travail, un logement situé dans la copropriété. Ce logement spécialement mis à sa disposition, gratuitement ou moyennant un loyer, offre une meilleure qualité de vie dans la copropriété en combinant entretien, proximité et surveillance. Toutefois, cette façon de faire a de nombreuses incidences tant pour le syndicat que pour le concierge.

Réclamation pour heures supplémentaires de « présence au travail »

La Loi sur les normes du travail dispose qu’un salarié « est réputé être au travail lorsqu’il est à la disposition de son employeur sur les lieux du travail et qu’il est obligé d’attendre qu’on lui donne du travail ».

Ainsi, la Cour d’appel du Québec[1] a déjà accordé une réclamation pour travail supplémentaire à un concierge résident. au motif qu’« en l’absence de directives précises de l’employeur, l’employé était justifié de consacrer à son ouvrage le nombre d’heures nécessaires pour mener sa tâche de concierge à bonne fin ». D'où l'importance de bien prévoir au contrat l'horaire de travail du concierge. 

Salaire 

En vertu de la loi, « l’avantage » conféré par le logement fourni ne peut pas être comptabilisé dans le calcul du salaire versé au concierge, que le logement soit fourni gratuitement ou pour une somme modique.

Un employeur qui paierait son concierge 400,00$/semaine ne peut pas considérer qu’en lui fournissant gratuitement un logement valant 500,00$/semaine, il paie en fait son concierge : 400+500=900,00$/semaine.

Ce raisonnement est faux, l’employeur sera réputé payer son concierge 400,00$ pour 40 heures, soit 10,00$/heure, ce qui est inférieur au salaire minimum.

Avantage imposable

Paradoxalement, sur le plan fiscal, la valeur du logement doit être incluse dans le revenu du salarié et apparaître sur son relevé, en fin d’année. Lorsqu’un syndicat fournit au concierge un appartement gratuit ou subventionné, la valeur de l'avantage correspond au résultat du calcul suivant : Le coût du logement moins tout paiement effectué par l'employé.

En règle générale, le coût du logement est évalué à la juste valeur marchande (JVM) du loyer d'un logement mis à la disposition de l'employé, c'est-à-dire la somme qu'il aurait dû verser pour un logement semblable s'il l'avait loué d'un tiers.

Le départ du concierge

Lorsque le poste de concierge dans un immeuble s’accompagne de la mise à disposition d’un logement pour lui, des questions juridiques se posent quant à la libération de ce logement par le concierge qui quitte son emploi au sein de la copropriété.

Le législateur a édicté des règles spécifiques concernant le bail accessoire à un contrat d’emploi. La loi prévoit donc que « l’employeur-locateur » et « l’employé-locataire » peuvent mettre fin au bail de façon unilatérale lorsque prend fin le contrat d’emploi, en donnant à l’autre partie un préavis d’un (1) mois, indépendamment du motif de la fin d’emploi (démission, licenciement, congédiement…), sauf si une disposition contraire est prévue dans le contrat d’emploi.

Notez qu’en cas de litige, le Tribunal administratif du logement n’est pas compétent pour entendre les parties, car le « bail » n’est qu’un accessoire au contrat d’emploi. Ce sont les tribunaux de droit commun qui ont alors compétence, le cas échéant.

http://www.condolegal.com/images/Boutons_encadres/Bon-a-savoir.pngBON À SAVOIR ! Afin de mieux de se familiariser avec la Loi sur les normes du travail (LNT), vous pouvez consulter le site internet de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) à l’adresse suivante : https://www.cnesst.gouv.qc.ca/fr. Ce site est d’un grand intérêt puisqu’on peut y lire une interprétation détaillée des principaux articles de la LNT ainsi que des extraits de la jurisprudence.

http://www.condolegal.com/images/Boutons_encadres/A_retenir.pngÀ RETENIR:  Le fait de fournir un logement à titre gracieux au concierge ne peut avoir pour effet de ramener sa rémunération en espèces en dessous du salaire minimum. En d'autres termes, à un nombre déterminé d'heures travaillées doit correspondre un salaire payé exclusivement en argent et qui ne peut pas être inférieur au salaire minimum.

http://www.condolegal.com/images/Boutons_encadres/Attention.jpgATTENTION ! Lorsqu’un syndicat fournit un logement à un concierge sans exiger de loyer ou moyennant un loyer moindre que la juste valeur marchande que l’employé paierait sur le marché libre pour ce logement, ce dernier reçoit un avantage imposable qui devra être ajouté à sa rémunération. Constitue également un avantage imposable pour le concierge, le fait que syndicat fournisse sans frais certains services publics tels que le téléphone, l'électricité, le gaz naturel, l’eau, le câble ou l'internet.

 


[1] Cléroux-Strasbourg c. Gagnon et Lepage, 1986 CanLII4513 (QC CA)

 

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